Votre panier est vide
Le bruit commence à courir d'un risque possible de black-out cet hiver. La crise sanitaire au cœur de l'actualité amplifie cette crainte à cause des conséquences qu'elle a sur l'activité en générale, et plus particulièrement dans ce domaine sur l'activité des centrales nucléaires.
Rapide tour d'horizon sur ce qu'il en est exactement.
Malgré la transition écologique / énergétique entamée et souvent évoquée dans tous les médias (et tant mieux!), il faut savoir que la France, pays très "nucléarisé", a encore plus de 70% de son mix énergétique couvert par l'électricité d'origine nucléaire.
La France est donc fortement dépendante de ses centrales nucléaires, et la fermeture de la centrale de Fessenheim, adoubée par certains et décriée par d'autres, n'a évidemment pas encore pu être compensée entièrement par d'autres sources de production françaises, notamment renouvelables.
De plus les reports successifs de la mise en service de l'EPR de Flamanville initialement prévue en 2012, et actuellement programmée pour 2022, n'ont pas non-plus permis de compenser la baisse de la production.
En conséquence les importations d'électricité sont en hausse, et la France a remis en fonctionnement plus tôt qu'habituellement (avant l'hiver) ses centrales à charbon (qu'elle s'est engagée à arrêter pour 2022) par exemple.
L'épisode de froid du mois d'octobre où le thermomètre a affiché certains jours des températures nettement inférieures aux normales de saisons (2 à 5°C selon les régions), fait craindre un hiver qui pourrait être rigoureux.
Or par temps froids, la consommation d'électricité en France est directement proportionnelle a la température extérieur, car la France est l'un des pays d'Europe qui utilisent le plus le chauffage électrique. Rappelons-nous que, quoi qu'on dise de l'évolution du coût de l'électricité en France, le prix du kWh est nettement plus faible que la majorité de nos voisins européens.
La prévision météorologique pour cet hiver est donc un facteur important à prendre en compte pour cette problématique d'approvisionnement du territoire en électricité.
Comme une grande partie de l'économie en France, le secteur de la production d'électricité est impacté par la crise sanitaire liée à la COVID-19.
Et ce sont évidemment, comme pour les autres secteurs d'activité, les mesures visant à limiter la propagation du virus qui impactent l'activité de production d'électricité en France.
D'abord de nombreux projets d'installations de centrales de production d'électricité renouvelable, comme les projets d'installations d'éoliennes ou de mise en œuvre de centrales photovoltaïques par exemple ont été fortement retardés.
Mais le plus impactant, étant donné la dépendance française au nucléaire, c'est l'allongement des temps d'interventions de maintenances sur les réacteurs nucléaires de différentes centrales françaises, qui ont été arrêtés et ne pourront, pour certaines, redémarrer avant le début de l'hiver. A Flamanville par exemple, 2 réacteurs sont actuellement à l'arrêt et seul un reprendra du service mais pas avant fin janvier.
François Brottes, président de la RTE, indiquait d'ailleurs récemment que pour l'hiver 2020-2021 la "situation inédite" va nécessiter "une très grande vigilance".
La France va pouvoir augmenter ses importations, mais dans une certaine limite car les voisins fournisseurs vont aussi voir leur besoin augmenter.
Un appel à la citoyenneté va aussi être lancé (comme chaque année) pour une consommation responsable pendant cette période critique.
Mais il est important de savoir que, faute de moyen de stockage performant, la gestion de l'équilibre entre la production et la consommation d'électricité en France se fait par le biais de nombreux mécanismes faisant intervenir un nombre très important d'acteurs de la filière. C'est d'autant plus important que toutes les productions d'électricité renouvelables ne sont pas pilotables (éolien et photovoltaïque par exemple). Leur proportion grandissante rend ce pilotage encore plus nécessaire mais aussi délicat.
Parmi ces mécanismes figure l'"effacement".
La France dispose de "contrats d'effacements" avec les grosses industries françaises fortement consommatrices d'électricité, pour permettre de leur demander de réduire fortement leur production pour limiter certains pics et parvenir à fournir tous les consommateurs. Ce mécanisme permet d'adapter fortement la consommation et est donc très efficace pour gérer les pointes. Pour pallier à cette situation inédite, le ministère a d'ailleurs revu à la hausse (doublement) les plafonds de rémunération par Méga Wattheure du mécanisme d'appel d'offre pour l'effacement pour 2021, de sorte à permettre plus d'offres d'effacements en période de pointe.
En conclusion:
La crise sanitaire liée à la Covid-19 a indéniablement un impact sur la capacité française de production de l'électricité.
Mais même si cette production ne sera pas au niveau attendu pour toutes les raisons évoquées, les moyens d'actions pour équilibrer la production et la consommation d'électricité en France sont nombreux.
Le délestage, qui consiste en des coupures de courants maitrisées de 2h environ dans certaines zones géographiques, revenant à un black-out pour ces zones, ne devrait certes intervenir qu'en dernier recours, mais reste une ultime possibilité dont la probabilité dépend désormais de la rigueur de l'hiver qui démarre.